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« Au nom de la Terre » – Pierre Rabhi et José Bové confrontent leurs point de vue

Affiche-Au-nom-de-la-terre-14-12-2013Le 14 décembre dernier, Vaugneray (69670) est devenue trois heures durant, pour les 1300 personnes présente, la capitale des trois-quarts de la planète depuis le Sahel subtropical à la forêt amazonienne en passant par l’espace européen.

Écologie, environnement mais aussi solidarité, tels ont été les grands thèmes de cette conférence.

En invitant Pierre Rabhi et José Bové, ce sont a priori deux modes d’action radicalement opposés qui étaient conviés à échanger sur leur combat pour un avenir plus écologique.

« Il s’agit de deux personnalités complémentaires, d’où l’intérêt de la rencontre. Leur échange sur les actions à mener pour développer des actions citoyennes, en faveur de la planète, promet d’être riche » déclarait Victor Fornito,  président de l’une des associations organisatrices, l’association SECOL (Solidarité, Écologie, Citoyenneté dans l’Ouest Lyonnais), en amont de la conférence.

Pierre-Rabhi-Jose-Bove-14-12-2013D’un côté… Pierre Rabhi.

Pierre Rabhi, sage philosophe prônant l’action non violente, est un agriculteur, écrivain et penseur français d’origine algérienne, un des pionniers de l’agriculture biologique et l’inventeur du concept « Oasis en tous lieux ». Pierre Rabhi défend un mode de société plus respectueux des hommes et de la terre et soutient le développement de pratiques agricoles accessibles à tous et notamment aux plus démunis, tout en préservant les patrimoines nourriciers. Depuis 1981, il transmet son savoir-faire dans les pays arides d’Afrique, en France et en Europe, cherchant à redonner leur autonomie alimentaire aux populations. Il est aujourd’hui reconnu expert international pour la sécurité alimentaire et a participé à l’élaboration de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification. Il est l’initiateur du Mouvement pour la Terre et l’Humanisme, du mouvement Colibris, et a créé en 2010 sa Fondation.

Pierre Rabhi  appelle à « l’insurrection des consciences » pour fédérer ce que l’humanité a de meilleur et cesser de faire de notre planète-paradis un enfer de souffrances et de destructions. Devant l’échec de la condition générale de l’humanité et les dommages considérables infligés à la Nature, il nous invite à sortir du mythe de la croissance indéfinie, à réaliser l’importance vitale de notre terre nourricière et à inaugurer une nouvelle éthique de vie vers une « sobriété heureuse ».

De l’autre… José Bové.

Activiste et député européen, José Bové est connu pour le « démontage » du McDonald’s de Millau en 1999, protestation visant aussi l’Organisation mondiale du commerce, opération constituant un repère dans l’histoire de l’altermondialisme en France, et ses campagnes d’arrachage d’OGM. José Bové a insisté sur le fait qu’il fallait se battre : sa lutte contre l’extension de l’armée au Larzac s’est faite pour le respect de la terre nourricière, de même que sa lutte contre les semences OGM. Ces deux victoires démontrent qu’il ne faut pas se sentir battus d’avance et que l’engagement est payant.

L’invité surprise

Benki-piyako-Pierre-Rabhi-14-12-2013A noter également l’intervention d’un invité surprise, Benki Piyako Ashaninka, leader indigène politique et spirituel du peuple Ashaninka, dans l’état de l’Acre en Amazonie Brésilienne, primé des droits de l’homme au Brésil pour la défense des territoires et de la souveraineté nationale brésilienne, coordinateur local du programme Povos da Floresta, et qui a récemment reçu le Prix des Droits de l’homme de la ville de Weimar. Benki Piyako a expliqué les problèmes qu’il rencontre avec l’État fédéral Brésilien. Benki a appris le respect de la terre et de la nature de ses aïeux et refuse la façon de vivre que veut lui imposer l’État. En effet, le gouvernement brésilien cherche à confisquer des terres et la forêt de sa communauté en contrepartie de l’installation de l’électricité, du téléphone et de la télévision. Benki refuse que ses terres soient soumises à déforestation, pesticides et OGM. Il refuse la télévision qui capte l’attention et la disponibilité des jeunes de sa communauté, les empêchant de prendre part aux discussions avec les responsables sur la place du village. Il veut conserver ses terres et les cultiver en respectant la vie des plantes en fonction des besoins de sa communauté indienne et refuse de les laisser attribuer à des entreprises agricoles qui ne cherchent que rendements et profits sans se soucier de l’épuisement des terres.

Chacun est rentré chez soi avec la certitude qu’il est urgent de changer nos comportements de citoyens pour convaincre nos dirigeants à prendre les mesures nécessaires à leur niveau.

 La vidéo de la conférence « Au nom de la Terre »: